Ibn Al Outheymeen comme je l’ai connu
Certes la louange est à Allah, nous le glorifions, cherchons refuge auprès de lui et Lui demandons Son pardon. Nous cherchons refuge auprès de lui contre les maux de nos propres âmes. Celui qu’Allah guide nul ne peut l’égarer et Celui qu’Il égare personne ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’y a de divinité digne d’être adorée qu’Allah Seul sans associé et que Mohamed est le serviteur d’Allah et son Messager. Que la prière, la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui, sa famille, ses compagnons et ceux qui le suivent jusqu’au jour du jugement.
La biographie des savants, des gens nobles et pieux ainsi que le récit de leurs aventures sont une formidable source de revigoration des cœurs et de vivification des âmes. Le récit de leurs épopées et aventures s’inscrit dans la parole d’Allah : « Dans leurs récits il y a certes une leçon pour les gens doués d'intelligence. » Sois attentif, il y a dans les souvenirs des pieux de cette communauté le meilleur des remèdes aux maux de nos cœurs.
Mes chères frères, observer la vie des pieux est grandement profitable et constitue une magnifique source de motivation pour en suivre les traces, s’en inspirer. Ces récits sont une traduction réaliste de la vérité qu’ils portent. Abou Hanifa- qu’Allah lui fasse miséricorde- disait : « le récit de la vie des savants m’est préférable à nombreux sujets de jurisprudence, on y trouve leur haute moralité, c’est pourquoi Allah a conté à Son Prophète les récits d’un groupe de messagers puis Il dit :
Essaye de leur ressembler même si tu ne peux les égaler
Certes ressembler aux pieux est, en soit, un succès.
Mes chères frères, parmi les plus grands profits récoltés de la prise de connaissance de la vie des pieux, celui de nous comparer à eux afin de jauger notre foi et notre piété. Hamdoun A-Nayssaboury- qu’Allah lui fasse miséricorde dit- : « celui qui contemple les récits des salafs alors il reconnaitra ses défauts ». Chères frères, l’histoire des grandes personnalités de l’Islam ne se résume pas à leur date de naissance ou de mort, ou aux événement qui leur sont contemporains, ce n’est pas de cela qu’on tirera des leçons, des enseignements…mais l’important est de mettre en exergue l’exemplarité qu’on trouve en eux même s’il est bon d’introduire ces derniers en rappelant certains éléments rappelant les grandes dates de leur histoire.
Chère frère, je vous propose le récit de notre noble enseignant : Mohamed Ibn Salih Al Outheymeen qu’Allah lui fasse miséricorde. Je me rappelle qu’il est né la 27ème nuit du mois de Ramadan en 1347H et il est décédé- qu’Allah lui fasse miséricorde- le Mercredi 25 du mois de Chawal 1421 à Jeddah. On a prié sur lui, l’après-midi du jeudi suivant puis il fut enterré au cimetière al-‘adl qu’Allah lui fasse grandement miséricorde. Nous demandons à Allah qu’Il fasse de sa tombe un jardin parmi les jardins du paradis et qu’Il comble la perte de ce grand savant dans la communauté. O vous mes chères frères, l’exemplarité dans la vie des savants ne se limite pas à un des aspects de leur vie. Mohamed In Salih Al Outheymeen était un de ces grands savants qui sont comme la pluie dont les gens se réjouissent de sa venue, tirent profit lorsqu’elle tombe et dont les traces restent lorsqu’elle part.
Chères frères, il était un modèle du savant qui œuvre par sa science dans les grandes affaires comme les petites. On pourrait l’identifier au dire de Chafi’y- qu’Allah lui fasse miséricorde- :
Le faqih ne devient pas faqih par ses dires
Mais, plutôt le faqih le devient par ses actes
Les caractéristiques exemplaires du cheikh étant nombreuses, j’ai sélectionné celles qui pourraient être profitables à tous…. Parmi elles :
Le cheikh avec le livre d’Allah.
Celui-ci était assidu dans la lecture du Coran, il s’appliquait à la recommandation prophétique : « Révise constamment le Coran, par Celui dont mon âme est entre les mains, il s’échappe plus que le chameau de son attache… ». Il était- qu’Allah lui fasse miséricorde- appliqué à cette recommandation. Il clôturait la lecture du Coran deux fois par mois et tous les trois jours durant Ramadan puis lorsque ses occupations se sont multipliées il la finissait tous les 10 jours. Parmi les précieux conseils que j’ai retenus de lui à ce sujet, le fait que celui qui a une partie quotidienne à réviser alors qu’il le fasse en début de journée c’est le conseil avisé d’un savant expérimenté et cela est plus propice à finir sa révision quotidienne. Il -qu’Allah lui fasse miséricorde- lisait son hizb en allant à la mosquée matin et soir et le reste en début de journée, dans la matinée.
O vous mes chers frères, Les savants dans leur lecture du Coran se diffèrent du reste des gens ; il n’était pas comme le dit Ibn Mas’oud : « Arrêtez vous pour méditer ses merveilles et éveillez par celui-ci vos cœurs ». Notre cheikh était de l’ordre de ceux qui lisent le Coran avec attention et contemplation. Il avait une « lecture explicatrice » du Coran, il s’arrêtait au moment approprié et insistait sur ce point dans les conseils qu’il promulguait. Une des dernières recommandations que j’ai mémorisées à ce sujet, i l en avait fait allusion dans l’explication de la sourate « les bestiaux » : « tu trouves que la plupart des gens lisent le Coran à la suite sans se préoccuper des pauses. Alors que nous avons appris à respecter ses pauses avec la lecture attentive de notre Chaikh Abbd-A-Rahman A-Sa’dy- qu’Allah lui fasse miséricorde- . Il priait pour nous letarawih pendant Ramadan, et il s’arrêtait aux moments appropriés, nous nous étonnions de cela… » Notre chaikh s’appliquait à cela en prière et plus particulièrement pendant les prières de tarawih. Bien qu’il fût avide de clôturer le Coran pendant ces prières nocturnes, cela ne l’empêchait pas d’appliquer cette recommandation ; il s’arrêtait aux moments décrétés et se rappeler les sens du Coran. Il expliquait le Coran par sa lecture, il aimait le lecteur du Coran qui s’appliquait à cette habitude. Pour cette raison, il appréciait la lecture de ‘AbdeRahman A-Soudays. Parmi les aspects de la vie de Chaikh Al ‘Outheymmeen avec le Coran, le fait que ce dernier remplissait sa vie, son comportement « traduisait » le Coran ; ses actes et son comportement étaient une lecture vivante du livre d’Allah. Je me souvenais souvent la parole de ‘Aicha à Sa’d Ibn Hicham Ibn ‘Aamir lorsqu’il lui demanda : « O mère des croyants, informe-moi de l’éthique du Prophète ? » Elle lui dit : « Ne lis-tu pas le Coran ? ». Il rétorqua : « Bien sûr que si ». Elle dit alors : « L’éthique du Prophète était le Coran». Lorsque je voyais notre cheikh, je me rappelais alors ce hadith, cette réponse de ‘Aicha- qu’Allah l’agrée-, il traduisait le Coran et l’expliquait par ses œuvres, son état, ses relations avec les autres. On ne peut dénombrer les preuves de cela tirées de sa vie tant elles sont nombreuses. Parmi certains de ces exemples que je garde encore à l’esprit : je me suis rendu une fois au centre d’apprentissage à une conférence qu’il donna dans ce dernier, lorsque nous sommes sortis du centre le gardien était très content de la venue du cheikh et il tenait à le saluait avant son départ. Il se tenait debout à coté de la porte dans une position d’enthousiasme et il leva sa main comme celui qui dit au revoir à un voyageur, le cheikh qui était à mes cotés en fit de même façon puis il se tourna vers moi disant : « Si on vous fait une salutation, saluez d'une façon meilleure; ou bien rendez-la ... »
Je me souviens également que nous nous sommes rendus à une assise, le cheikh, fidèle à lui-même, salua de manière claire et audible un frère qui était présent, ce dernier lui répondit timidement à voie basse, le cheikh lui dit alors : élève ta voix, Allah dit : « Si on vous fait une salutation, saluez d'une façon meilleure; ou bien rendez-la ... »
Une fois, le cheikh se rendit dans une région ou je me trouvais alors. D’habitude lorsqu’il se rendait dans un endroit ou se trouvait une connaissance, un proche, il l’appelait pour le prévenir de son arrivée. Il vint donc en visite dans la région ou je vivais alors mais sans me prévenir, je lui dis : « qu’Allah te préserve, O cheikh, pourquoi tu ne m’as pas prévenu ? » ; Il a cru- qu’Allah lui fasse miséricorde- que c’était une critique de ma part, il me répondit spontanément le verset: « Accepte ce qu’on t’offre de raisonnable, commande ce qui est convenable.». Il y a dans ce qui précède une allusion à une chose importante, une noble éthique qui facilite la relation entre les gens, le cheikh insistait beaucoup sur cela et s’y appliquait : accepter les gens comme ils sont. Celui qui met en pratique ce principe, qui accepte les gens comme ils sont sans leur imposer ce qu’ils ne peuvent supporter alors c’est un bonheur pour lui comme pour eux. Chères frères, je me souviens d’une fois ou ne revenions ensemble de la visite d’un frère, nous discutions d‘un sujet qui n’avait pas de rapport ni avec le tafssir ou la science d’une manière générale… Au cours de la discussion, je rappelai, avant de descendre de la voiture, le verset d’Allah: «tandis que la parole d’Allah est au dessus ».
Il se tourna vers moi avant d’ouvrir la porte de la voiture en me disant: « sois attentif ! Allah a dit : «tandis que la parole d’Allah est au dessus » Le Coran est venu avec la forme nominale pour exprimer la continuité de la suprématie de la parole d’Allah sur toutes les autres paroles. » , est-ce que nous sommes attentifs à ce type de subtilité lorsqu’on lit ou écoute le Coran ? Ceci est rare dans la vie de nombreux étudiants en science alors que dire donc de la masse des gens. Le cheikh- qu’Allah lui fasse miséricorde- appliquait le hadith prophétique: « le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne.» Le Prophète a ainsi démontré le mérite de celui qui apprend le Coran et l’enseigne aux gens.
Dans ce domaine, il faisait des efforts singuliers, il enseignait le coran dans les cours qu’il dispensait à la mosquée, il commentait le livre d’Allah et ses versets dans les conférences qu’il donnait dans les deux mosquées saintes. Il insistait auprès des étudiants en science sur l’importance de se pencher sur l’exégèse du Coran du fait des précieux et divers enseignements qu’on en tire et que bon nombre d’étudiants négligent. En vérité ils négligent, de la sorte, la source de la science : «Il consiste plutôt en des versets évidents, (préservés) dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné ». Aussi, il accordait une importance particulière aux associations de mémorisation du Coran qu’il s’appliquait à les soutenir de différentes manières et pas uniquement dans sa région. Quand à l’association chargée d’enseigner le Coran dans sa région d’origine,’ounayza, elle faisait l’objet d’une attention bien particulière. Il l’a fondée et l’a soutenue moralement comme matériellement. Il ne se contentait pas de se charger de taches directives mais il participait aussi aux cours, aux cérémonies etc.… Souvent nous entendions sa voix depuis les minarets des mosquées participait aux cérémonies de ses étudiants ou enfants données à l’occasion de la clôture d’un juz du Coran.
Chères frères, parler de la relation entre notre cheikh -qu’Allah lui fasse miséricorde- et le Coran serait long, c’est pourquoi nous nous contenterons de ce qui a précédé. Je passe à un autre sujet, celui de notre cheikh et de la tradition prophétique ( sounna). Parmi les caractéristiques manifestes de la personnalité du cheikh- qu’Allah lui fasse miséricorde- : sa grande révérence pour la sounna prophétique.
Le cheikh et le suivi de la sounna
Dans l’ensemble de ses affaires, grandes comme petites, notre cheikh était très appliqué à suivre la tradition prophétique comme on pouvait le constater dans sa manière de manger, de boire, de se lever, s’assoir etc. J’ai sélectionné, non exhaustivement, certains épisodes de sa vie qui témoignent de cet enthousiasme pour l’application de la sounna.
Notre cheikh privilégiait les habits blancs, été comme hiver, il mettait en œuvre le hadith prophétique rapporté par Ibn ‘Abass selon qui le Messager d’Allah dit : « Vêtez-vous de blanc, ils sont vos meilleurs habits et enveloppez vos morts avec ceux-ci » ( Abou Daoud et Tirmidhy).
Notre cheikh, souvent, s’excusait de son délaissement de certaines traditions « apparentes » à cause de ses nombreuses occupations. Par exemple le délaissement de la teinture des cheveux blancs. Il délaissait cette tradition à cause de ses très nombreuses occupations et lorsqu’on lui demandait pourquoi il ne se teignait pas alors que la tradition prophétique est claire à ce sujet, il répondait : « cela a un cout et ça nécessite de l’entretien », ce qui l’empêcherait d’accomplir d’autres obligations ou surérogatoires plus importantes. Il s’inspirait dans cette réponse de celle donnée par l’Imam Ahmed lorsqu’on le questionna sur le fait de se couper les cheveux, est-ce qu’il s’agit d’une sounna ? Il répondit qu’Allah lui fasse miséricorde : «C’est une bonne habitude et si je pouvais je l’aurais fait », dans une autre version on trouve: « si je le pouvais je le ferais mais cela a un cout et ça nécessite de l’entretien. »
Chers frères, je n’ai jamais vu notre cheikh se coucher et manquer de mettre en pratique la recommandation prophétique rapportée par Abou Hourayra dans les deux recueils authentiques de Boukhary et Mouslim : « Si un d’entre vous regagne son lit alors qu’il le dépoussière à l’aide de son pagne, il ne sait pas ce qui aurait pu lui succéder après qu’il l’ai quitté ».Notre cheikh -qu’Allah lui fasse miséricorde- s’appliquait à faire cela avec une extrémité de son vêtement ou son châle.
Aussi, il était attaché au suivi de la sounna dans ses adorations et plus particulièrement dans sa prière comme cela n’échappait pas à toute personne priant à ses cotés. Sa prière était un exemple vivant du hadith prophétique : « priez comme vous m’avez vu prier ». Tu pouvais observer le suivi de la sounna dans son inclinaison, sa prosternation, son assise, sa lecture, ses invocations etc. lorsqu’il guidait les gens tout comme dans sa prière individuelle à la mosquée ou chez lui, à la maison.
Mes chers frères, cet engouement du cheikh à suivre la sounna ne se limitait pas à ces aspects, même dans ses positions, ses choix scientifiques lorsqu’il devait précéder un avis sur un autre, il privilégiait l’avis qui était soutenu, prouvé par la sounna aussi différent fut-il de l’avis qu’il avait jusqu’alors choisi. Il revenait à la vérité sans hésitation ou gène quand celle-ci lui apparaissait. A titre d’exemple, il nous informa qu’en premier lieu il voyait que l’assise du repos entre deux unités de prière était légiférée puis après s’être penché sur ce sujet il lui est apparu que le prophète l’appliqua lorsqu’il prit de l’âge, il prit alors pour avis que la légitimité de cette assise était conditionnée par le besoin et non absolue.
Egalement, au début il faisait le sermon de la prière de l’éclipse assis, un jour vint ou il fit le sermon debout et dit dans son introduction: « Je voyais que le sermon de la prière de l’éclipse se faisait assis mais il m’est apparu de la sounna que la Prophète le fit debout ». C’est ainsi que sont les grands savants, ceux qui cherchent à suivre Allah et Son Messager, ils ne cherchent pas à ce que leurs avis soit invariables, ne changent pas quand bien même la vérité irait à son encontre l’important restant dans l’éclaircissement de la sounna. Témoignent de la révérence du cheikh pour la tradition prophétique : sa mise en pratique de celle-ci, sa démonstration ou encore le fait d’y inviter les gens même si cela allait à l’encontre de leurs habitudes. Le cheikh mettait en valeur la sounna alors que beaucoup d’aspects de cette dernière restaient alors inconnus, à une époque ou les gens étaient très attachés à l’école hanbalite et n’allaient jamais à son encontre. Le cheikh- qu’Allah lui fasse miséricorde- suivit le chemin de son enseignant ‘Abd Rahman A-Sa’dy -qu’Allah lui fasse miséricorde- ou encore celui de ‘Abdel ‘Aziz Ibn Baz. Ils n’avaient pas de réticence à montrer la sounna lorsqu’elle lui apparaissait. Il insistait particulièrement sur le fait que celui qui pratiquait et revivifiait ces sounan ignorées ou oubliées devait être un savant reconnu et suivi par les gens. Il, qu’Allah lui fasse miséricorde, encourageait les étudiants en science, ses proches et les prêcheurs à faire preuve de sagesse et de douceur dans l’appel au suivi de la sounna et cela plus particulièrement dans les pays ou la sounna n’était pas apparente, pas suivie. Il conseillait à ceux qui le consultaient sur la méthode à suivre pour revivifier le suivi de la sounna dans leurs pays, de faire preuve de douceur, de commencer par expliquer la sounna, par inviter et encourager les gens à son suivi puis si il s’en suivait une acceptation de leur part, que leurs cœurs s’adoucissaient alors à ce moment il n’y a pas de mal à laisser accomplir publiquement ces sounnas. Cependant, la pratique de celles-ci ne doit pas devenir une cause de division, de troubles entre les gens. Aussi, elle ne doit pas devenir un prétexte pour rejeter la vérité à laquelle il les invite…
Chers frères, notre cheikh avait conscience de son statut d’imam auprès des gens. Il nous raconta qu’une fois un questionneur vint à lui après une des prières, il priait une surérogatoire, cet homme s’assit et attendit qu’il eu terminé puis le questionna au sujet de la manière de faire le tachahoud. Cheikh lui répondit, le questionneur dit alors : « j’ai compté pour toi, tu as bougé 17 fois ton index. » Cheikh en déduit l’importance de faire apparaitre la sounna pour quiconque est sujet au regard des gens, quiconque est suivi par ceux-ci.
L’engouement de notre cheikh pour le suivi de la sounna est une longue histoire, je me contente, ici, de faire allusion à celui-ci dans ces affaires personnelles tout comme il l’était dans les choses d’ordre plus générales.
Il était assidu à jeuner trois jours par mois, il ne délaissa cela qu’au mois de cha’bann qui précéda sa mort- qu’Allah lui fasse miséricorde-. Il ne délaissa son jeune que lorsque la maladie l’épuisa. Son assiduité à jeuner ces trois jours tire son origine du suivi de la recommandation du Prophète faite à Abou Hourayra, Abou Dhar et Abou Darda puisqu’il recommanda à ces trois compagnons de jeuner trois jours par mois.
Aussi, il s’appliquait à lécher le plat et ses doigts après chaque repas, il ne se levait pas de l’endroit ou il mangeait qu’après avoir effectué cette tradition. L’Imam Mouslim rapporte dans son recueil authentique d’après Jabir Ibn ‘Abd Allah que le Prophète-paix et bénédiction d’Allah sur lui- ordonna de se lécher les doigts et le plat et dit : « Vous ne savez pas ou se trouve la bénédiction ».
Son application à boire assis était évidente, il le faisait dans les assemblées, dans les marchés lorsqu’il était seul, dans tout endroit si cela lui était possible. Pour boire, il s’assaillait étant rapporté d’Anas Ibn Malik et d’Abou Sa’id que le prophète bannit le fait de boire debout.
Chers frères, on dénombre parmi les aspects de sa vie quotidienne qui témoignent de sa volonté de suivre la sounna : le fait que chaque matin il consommait 7 dattes conformément au hadith rapporté par Boukhary et Mouslim d’après Sa’d Ibn Malik qu’Allah l’agrée : « celui qui consomme chaque matin sept dattes ‘ajwa, alors il ne sera pas atteint ce jour par un poison ou une sorcellerie ». Cheikh voyait comme son enseignant ‘Abd Rahman A-Sa’dy que ce hadith ne se restreint pas aux dattes de type ‘awja mais qu’il englobe plus généralement tout type de dattes que peut consommer l‘individu.
Chers frères, je ne me souviens pas que notre cheikh ai délaissé la prière nocturne même en voyage. Il consacrait une partie de chacune de ses nuits pour se rapprocher d’Allah, se confier à Lui et l’invoquer. Allah est Le Grand Donateur, Le Généreux.
Le cheikh n’avait pas d’horaires particuliers pour ses prières nocturnes, cela dépendait de son emploi du temps mais en aucun cas il ne la délaissait. Il veillait la nuit dans l’enseignement, l’apprentissage, il s’inquiétait des besoins des gens et tout cela ne l’empêchait pas de consacrer une partie de sa nuit à la prière. Je ne me souviens pas non plus qu’il se coucha, en voyage comme résidant, sans faire les ablutions au préalable. Il faisait les ablutions avant de dormir et priait comme il pouvait puis il gagnait son lit.
Lorsqu’il ne trouvait pas le sommeil pour une raison ou une autre, il s’occupait à réciter du Coran jusqu’à ce que le sommeil lui vienne. Il ne restait pas au lit comme c’est le cas de beaucoup de gens.
Notre cheikh et les soucis de la communauté musulmane.
Il fut un des grands savants contemporains de cette communauté qui connut nombre de troubles et d’épreuves. Il suivait les informations des musulmans, chose que beaucoup de gens ignorent. La plupart connaissent les efforts du cheikh dans l’enseignement, son intérêt pour les demandeurs de science, les fatwas etc. mais ils ignorent le grand intérêt qu’il portait pour l’état des musulmans du monde entier dont il suivait les informations. Il s’attristait de ce qui les atteignait, partageait leurs espoirs et leurs joies. Il orientait leur prêcheurs, répondait à leurs questions, tentait de trouver des solutions à leurs problèmes […]
Je me souviens des directives et des conseils qu’il promulgua aux jeunes qui sortirent en Algérie, commirent des tueries etc… Il se pencha sur leur cas, les conseilla, leur interdit de nuire à leurs frères musulmans. Il était un de ceux qui s’adressèrent directement à eux dans un enregistrement fait depuis sa maison, il y conseilla ceux qui prirent les armes de délaisser leur entreprise, de revenir avec la masse des musulmans, il leur interdit de faire couler le sang injustement […] Cet enregistrement fut propagé et diffusé par les médias notamment en Algérie. Ce fameux sermon fut diffusé plusieurs fois par la télévision et les radios algériennes. A la suite de celui-ci, nombre de groupes de jeunes armées délaissèrent les armes et revinrent avec la masse des musulmans en délaissant ce cheminement réprouvable.
Notre cheikh à la maison.
Les traits exemplaires du cheikh sont nombreux dans ce domaine. Ils émanent tous de son désir appuyé -qu’Allah lui fasse miséricorde- de mettre en pratique le hadith prophétique : « Le meilleur d’entre vous et le meilleur avec sa famille. » Je vais tenter d’éclaircir cet aspect pour en tirer profit :
- Premièrement, ses rapports avec ses proches tels que sa femme, ses enfants. Ils se marquaient par une relation remplie de bienfaisance, de miséricorde, de compassion et de respect.
-Deuxièmement : son équité dans ses rapports avec eux. Il mettait en application le hadith rapporté par Boukhary d’après Nou’man Ibn Bashir- qu’Allah l’agrée-selon qui le Prophète- paix et bénédiction d’Allah sur lui-dit : « Craignez Allah et soyez équitables avec vos enfants ». Cette équité ne se résume pas à l’aspect matériel et aux dons de biens mais ce qui est voulu c’est l’équité absolue dans les biens, l’orientation, les sentiments, l’intérêt, le partage de leurs soucis etc.
3- Sa proximité d’eux, le cheikh était proche de ses enfants ses proches etc. Il aimait se réunir avec eux, demandait après eux comme il lui plaisait de sortir en famille pour se changer les idées chaque semaine avant qu’il ne soit chargé par trop d’occupations. Par la suite, il s’efforçait de trouver un temps pour sortir avec eux de temps à autre et plus spécifiquement au printemps. Certaines nuits estivales il se rejoignait à eux dans les aires de repos et partageait avec eux ces joyeux instants. Il cherchait à visiter ses enfants lorsqu’ils étaient en colonie afin de savoir qui étaient leurs fréquentations. Certaines personnes se contentent de demander des comptes à leurs enfants, de leur faire un interrogatoire : Avec qui es-tu sorti ? Qui est-ce que tu fréquentes ? Mais peu prennent la peine de se mêler à leurs enfants, de voire de leurs propres yeux qui ils fréquentent et cela sans briser la confiance qu’ils ont en lui, sans mener une enquête derrière leurs dos...
-Quatrièmement : Le cheikh n’était pas indifférent aux études de ses enfants, de leurs avancées scolaires et même lorsque ses responsabilités se multiplièrent il trouvait le temps pour participait aux cérémonies, fêtes de fin d’année, à certaines de leurs activités. Il donnait des leçons particulières à ceux qui en avaient besoin dans les sciences religieuses, la langue arabe ou encore les mathématiques.
Chers frères, il était au service de sa famille, comme le rapporte ‘Aicha du Prophète-paix et bénédiction d’Allah sur lui-. Cette dernière fut interrogée par Al Aswad : « Que faisait le Prophète dans son foyer ? », elle répondit : « Il était au service de sa famille et lorsque c’était l’heure de la prière, il partait prier.».
Cela s’appliquait parfaitement à notre cheikh, si sa famille avait un quelconque besoin, il s’empressait d’y répondre lui-même, sans déléguer la tache à autre que lui.
Le cheikh se distinguer dans ses relations familiales par son habitude à les consulter, leur demander leurs avis, ceux des petits comme des grands ; Il ne les consulter pas pour les consulter mais il prenait effectivement en compte leurs opinions qui lui apparaissaient correctes dans ses décisions. Ce trait de caractère ne se restreignait pas à sa famille mais on pouvait aussi le constater lors de ses cours avec ses étudiants, il les consultait dans le choix des livres enseignés, des choses concernant le cours comme peuvent en témoigner ceux qui assistaient à ses cours ou même écoutent ses leçons enregistrés. Il était clément et bienveillant avec sa famille, il réconfortait les faibles, s’inquiétait de l’état des malades qu’il visitait, réconfortait… Combien de fois a-t-il frappé à notre porte parce qu’il avait entendu qu’untel ou unetelle était malade ?! Et, cela n’était pas propre à nous mais à l’ensemble de ses enfants filles et garçons, petits te grands.
Cette bienveillance du cheikh ne se limitait pas aux hommes mais comprenait aussi les animaux. A ce propos je me souviens qu’il veillait à regrouper les restes de nourriture après les repas puis lorsqu’il sortait pour la prière du fajr, il prenait ces restes pour les distribuer à des chats ayant pour habitude de se regrouper devant sa porte au moment de sa sortie. Parfois il lui arrivait d’oublier ou même de ne pas trouver de quoi leur donner, dans ce cas il sortait par une autre porte pour ne pas qu’ils ne trouvent leurs repas habituels.
Cinquièmement : notre cheikh et les liens de parenté, il appliquait avec soin le hadith prophétique rapporté par Al Boukhary d’après Abou Hourayra : « Celui à qui plairait que sa subsistance soit élargie et sa vie allongée alors qu’il entretienne ses liens de parenté ». Le cheikh qu’Allah lui fasse miséricorde contactait régulièrement les membres de sa famille, les plus âgés comme les plus jeunes, les proches comme les éloignés. Il visitait sa tante et son oncle chaque semaine, il se rendit chez sa tante jusqu’aux derniers jours de sa vie, il ne manquait pas à cette habitude même lorsque la maladie l’affaiblissait.
Le cheikh était très généreux et bienfaisants envers ses proches, il les invitait et répondait à leurs invitations, il visitait leurs malades, répondait à leurs besoins et leur téléphonait chaque semaine.
Quant à ceux qui vivaient loin de sa ville, il les appelait chaque semaine, demandait après eux, de leurs nouvelles etc.
6- Notre cheikh et les besoins des gens.
Il n’économisait pas ses efforts pour profiter aux autres. Nombreux étaient les besoins des gens qui lui étaient exposés malgré cela il y répondait avec engouement, il est rapporté de l’Imam Boukhary d’après Abou Hourayra que le Prophète-paix et bénédiction d’Allah sur lui-dit : « celui qui répond au besoin de son frère, Allah répondra à ses besoins ».
Il ne se lassait pas des nombreuses quêtes qui lui venaient, il était « le père des pauvres » comme le surnommait les gens. Il s’interrogeait sur leurs états, cherchait à connaitre leurs besoins, il les invitait chez lui. Il n’avait pas d’aversion à se joindre à eux, alors que certains pouvaient manquer de bonnes manières lors du repas, certains avaient une mauvaise apparence etc. Malgré cela, il se joignait à eux, répondait à leurs besoins, leur faisait plaisir et répondait à leurs questions.
Dans ce chapitre, il est bon de rappeler sa bienfaisance pour les voyageurs en difficulté. Un des professeurs de la section de dogme m’a raconté qu’une nuit ils revenaient d’une réunion et ils ont trouvé sur leur chemin une personne dont le véhicule était en panne. Cheikh s’empressa de faire stopper le chauffeur. Ils se sont arrêtés et ont assisté ce voyageur. Il aidait aussi les gens n’ayant pas accompli le hajj obligatoire en leur donnant ce qu’ils avaient besoin pour l’accomplir et en veillant à les envoyer avec des étudiants en science afin que leur hajj soit correctement effectué.
L’ascétisme
On ne peut manquer de mentionner l’ascétisme du cheikh. Tu peux même affirmer qu’il n’a pas de semblable parmi ses proches dans ce domaine. Tu pouvais repérer cela dans sa posture, sa monture, sa manière de s’assoir, de manger et autres… Il a passé plus de 60 ans dans une maison de terre malgré les nombreuses propositions qui lui étaient faites pour déménager dans un logement plus moderne. Ce n’est que suite aux demandes insistantes qu’il se plia aux vœux de sa famille et déménagea dans une maison qui restait très humble en comparaison de celle du commun des habitants de la région.
Il n’était pas exigeant dans le choix de ses moyens de locomotion même quand bien même il s’agissait d’une voiture qui tombait souvent en panne, il arrivait même qu’elle tombait en panne sur le chemin de la mosquée et qu’il participait à sa réparation ou autre.
Parmi les plus explicites manifestations de son ascétisme : sa profonde répulsion pour l’éloge de sa personne.
Il détestait cela, combien de fois son visage a changé de couleurs lors d’un éloge ou d’un compliment. Il ne se contentait pas de condamner cela verbalement après que le compliment soit fait mais souvent il stoppait le discours en son cours. Une fois le présentateur dit en parlant de lui : « celui qui n’a pas besoin d’être présenté tant il est connu », il lui coupa la parole en réfutant : « cela n’est valable que pour Allah, les gens pour leur part ont toujours besoin d’être présentés ».
Lorsqu’il se rendit aux Etats-Unis pour se faire soigner, il en profita pour donner des conférences dans les centres, les mosquées. Lors d’une de ces rencontres, un participant se leva en disant : « nous remercions cheikh pour avoir répondu à notre invitation malgré les souffrances qu’il endure à cause de la maladie. », le cheikh lui ordonna de s’assoir puis entama la conférence. Cela faisait partie de son humilité et de son dédain pour les éloges exagérés.
Je me souviens qu’un frère visita le cheikh alors qu’il était hospitalisé, il lui dit : « les gens invoquent tous pour ta guérison, tu leur est d ‘un tel profit… », le cheikh rétorqua : « Tais-toi ! Tais-toi ! », Il le fit taire bien que cette personne était très proche de lui.
Toujours dans ce chapitre, celui de l’ascétisme du cheikh, un de ses amis m’a rapporté que lors d’une de ses dernières visites à ‘Ounayza, la ville du cheikh, il discuta avec lui. Il me révéla que celui-ci lui confia discrètement alors qu’il vivait la maladie qui précédait son décès : « Par Allah, je n’angoisse pas à l’idée de devoir quitter une chose de cette vie d’ici-bas mais ce qui me soucie, c’est de rencontrer Allah et de ne pas avoir de bagages (d’actions). »
Alors que dire pour nous ?! On demande à Allah qu’Il nous pardonne et qu’Il lui fasse miséricorde, qu’Il accepte ses œuvres et l’élève en degrés.
Chers frères, je terminerai en rappelant le caractère modéré du cheikh, il se caractérisait par cette juste mesure, par laquelle Allah a caractérisé cette communauté : « Et, c’est ainsi que nous avons fait de vous une communauté de juste milieu […] »
Cette spécificité ne se limitait pas à un aspect particulier comme sa science, son comportement etc. mais elle s’appliquait à sa vie entière : ses propos, ses actions, ses décrets juridiques, ses opinions etc. On le trouvait toujours dans la pondération, le juste milieu, non dans la nonchalance ni dans l’exagération…il savait que le juste milieu se trouvait dans le suivi du livre d’Allah et de la sounna.